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Accompagner les enfants à haut potentiel vers une scolarité adaptée

Sommaire de l'article

Vous avez certainement déjà entendu parlé des enfants précoces. On parle aussi d’enfants surdoués ou à haut potentiel. Nous allons voir ensemble ce qu’être précoce peut engendrer dans la scolarité d’un élève et comment cette situation peut être appréhendée.

Pour ce faire, nous avons rencontré Léo, 24 ans, détecté enfant intellectuellement précoce (EIP) à l’âge de 11 ans et Mimiflexi, qui pratique la classe flexible avec ses élèves et encourage cette pratique sur son blog et son compte instagram. 

💭 Qu’est-ce qu’un enfant à haut-potentiel ? (EHP)

Il existe de multiples appellations pour définir le haut potentiel : EHP, EIP, THPI, HPI, précoce, surdoué… Comme nous l’explique Mimiflexi : « Ce sont des termes qui tendent à désigner la même chose. Le terme “précoce” laisse à penser que les personnes sont en avance sur des personnes typiques et qu’elles seront donc rattrapées plus tard, ce qui n’est pas le cas. Pour le terme de “surdoué”, il peut déranger car il évoque une certaine douance, un peu comme les super-héros. Il y a également “les zèbres”, terme inventé par Jeanne Siaud Fachin, les “zébrures” indiquant les différents profils qui existent. » 

Les EHP sont des enfants avec une intelligence particulière, supérieure à la moyenne. Même si cette particularité est généralement détectée chez des individus jeunes, elle ne change pas avec le temps : un enfant à haut potentiel deviendra un adulte à haut potentiel. 😊

👀 Comment le détecter ? 

Les enfants à haut potentiel présentent une unicité similaire à celle de n’importe quelle autre personne. Au sein d’une classe, par exemple, ce n’est pas parce que deux élèves sont des EHP qu’ils auront des comportements similaires, au contraire ! 

Comme nous l’explique Mimiflexi, « les profils d’enfants HP sont tellement vastes et différents qu’il est difficile pour un enseignant de les détecter et d’en être sûr. Cependant, nous pouvons être interpellés par plusieurs signes qui nous permettront de nous orienter vers un psychologue scolaire. Très souvent, les parents évoquent l’idée, ce qui peut également nous guider. »

Léo nous explique comment il a découvert son HP : « Dès la maternelle, des signes étaient visibles. J’ai appris à lire tout seul, j’ai toujours eu des facilités à l’école. L’appréciation type dans mes bulletins était : « de bons résultats, mais peut mieux faire« , « se repose sur ses acquis« , « très dissipé, beaucoup de bavardages, mais de bons résultats dans l’ensemble« . » C’est au collège, lorsque Léo avait des problèmes de socialisation et qu’il vivait vraiment mal son quotidien, que ses parents lui ont proposé de consulter un psychologue. Ce dernier lui a alors fait passer le test WISC IV (Wechsler Intelligence Scale for Children, 4e version), qui permet de connaître son QI chiffré.

Toutefois, ce chiffre n’est pas le seul indicateur d’un potentiel HP. « Ce n’est qu’une moyenne de différents tests. Il y a plusieurs types de personnes dites HPI : les homogènes (avec des scores sensiblement identiques à chaque test) et les hétérogènes (avec des scores variables entre chaque test). Ces tests mesurent différentes choses :  comme la mémoire de travail, la vitesse de traitement d’information, le raisonnement perceptif ou la compréhension verbale. Donc, deux personnes peuvent avoir un QI identique mais des résultats différents à chacun des tests (et percevoir les choses différemment) », nous explique Léo.

On aurait tendance à penser qu’un élève à haut-potentiel est forcément un très bon élève, avec d’excellents résultats. « Absolument pas ! », nous détrompe Mimiflexi. « Un élève HP n’est pas forcément excellent. Il peut très bien avoir des difficultés au niveau du passage à l’écrit, il peut également cumuler avec d’autres troubles (dys par exemple). Ce sont aussi des élèves qui, parfois, veulent se fondre dans la masse et qui, de ce fait, ne montreront pas leurs réelles capacités. »

Le haut potentiel pourrait alors éventuellement s’observer dans la façon de réaliser des exercices, de résoudre un problème, de traiter des informations… 

👉 Comment accompagner un élève à haut potentiel intellectuel ? 

Vous l’aurez compris, la vie d’un EHP n’est pas toujours simple. L’enfant peut avoir du mal à trouver sa place. Mais rassurez-vous, de nombreuses possibilités d’accompagnement existent. Celui-ci sera bien entendu différent en fonction du degré d’HP de l’élève, mais également en fonction des envies de celui-ci ! 😉

« J’avais déjà sauté le CP et je n’avais pas envie de sauter une autre classe par la suite. À l’époque, mes parents avaient quand même réfléchi à m’envoyer dans une école « spécialisée » type Mensa, mais j’avais pas envie de partir de chez moi. », nous explique Léo.

En cas de présomption, en parler au professeur est un premier pas. Vous pourrez alors tester la sensibilité de celui-ci au sujet et discuter avec lui d’éventuelles solutions à mettre en place au sein de la classe afin que votre enfant s’y sente plus à l’aise et puisse s’épanouir davantage dans sa scolarité. Le but est que l’élève trouve sa place et se sente ainsi en phase avec son potentiel.

Mimiflexi nous donne plusieurs pistes d’accompagnement pour ces élèves : « Si, au sein de l’école, il y a d’autres élèves ayant le même profil, l’enseignant peut organiser des rencontres afin de les stimuler. Le lâcher-prise est aussi important. Leur laisser la possibilité de faire autre chose et de ne pas forcément suivre tous les cours. Leur proposer des situations qui les alimentent et les fatiguent cognitivement parlant : avec des challenges ou des activités du type casse-tête, escape game par exemple.

Leur donner la possibilité de faire des recherches, d’approfondir un thème qui les intéresse. Les laisser avoir du temps pour eux (lecture, pause active, dessin, création de jeux pour la classe…). Encore une fois, il faudra prendre en compte le profil de l’élève afin de lui proposer les solutions les plus adaptées. Il est intéressant de les faire verbaliser et de discuter avec eux pour voir s’ils ont également des idées. »

Léo, lui, a décidé de suivre un parcours classique en lycée général. Il nous explique : « Je n’ai informé aucun de mes professeurs de mon HP. Je pense que ce serait bien de sensibiliser les enseignants mais aussi et surtout les parents sur ce dont a besoin un HPI à l’école. Je pense que beaucoup de mes professeurs se sont posé des questions, certains semblaient avoir compris et adaptaient leur comportement en fonction ; d’autres, au contraire, n’ont fait que renforcer mon sentiment de « décalage » en ne comprenant pas mes agissements. »

Le plus important est donc d’en parler avec l’enfant afin de définir avec lui ce qui lui correspondra le mieux et quelle solution l’aidera à se sentir bien dans sa scolarité. 

Pour Léo, le fonctionnement scolaire doit être repensé, non seulement pour les EHP, mais aussi pour tous les autres élèves, afin qu’une classe s’adapte aux besoins de chacun. « Je pense qu’il faudrait remplacer le modèle classique de la classe qui doit se taire et écouter le professeur par des méthodes beaucoup plus participatives. J’aurais été tellement moins dissipé si on m’avait laissé manipuler, tester, expérimenter, casser, retenter… »

😊 Quelle est l’évolution d’un EHP ?

Comme nous l’avons évoqué plus haut, un enfant à haut potentiel deviendra un adulte à haut potentiel. 

Même si elle n’est pas aussi marquée que lorsqu’il était jeune, Léo ressent tous les jours sa différence. « Par exemple, petit, je n’avais aucune conscience des codes sociaux et je ne les comprenais pas quand on me les expliquait – comme le vouvoiement, les coudes sur la table, ne pas couper la parole, « l’autorité » naturelle des adultes sur les enfants –. Aujourd’hui, j’ai intégré pas mal de ces codes sociaux, mais dès que je suis dans un environnement qui m’est familier, je peux très vite retomber dans des « comportements HPI ». Par exemple, avec mon meilleur ami, qui est lui aussi HPI, on est capable de débattre pendant des heures de quel mot est le plus adapté pour définir ce dont on parle.

Un autre exemple : je suis incapable de raconter une histoire sans faire attention aux détails, je peux même aller jusqu’à raconter plusieurs histoires différentes juste pour donner un peu de contexte à l’histoire que je veux raconter au départ. », nous explique Léo.

Adapter les méthodes d’apprentissage d’un EHP dès le plus jeune âge permettrait de l’aider à développer plus facilement tout son potentiel. Un EHP apprend à vivre avec son haut potentiel et à adapter ses comportements en fonction des situations qu’il peut rencontrer tout au long de sa vie. 😊

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