“On apprend toujours tout seul, mais jamais sans les autres.“ disait Phillippe Carré.
C’est très joliment dit, mais concrètement ça veut dire quoi la ZPD ? Ça veut dire que le processus d’apprentissage est individuel, et se fait selon le fonctionnement de chacun. Mais on a bien souvent besoin de l’intervention d’autres personnes pour avancer dans ce process : profs, mentor, auteur, soutien, … Un concept qui l’illustre bien, c’est la Zone Proximale de Développement (ZPD).
🛠 Apprendre : c’est construire
L’apprentissage se construit : on part toujours d’un “minimum”, et c’est ce que nous confirment Piaget et Vygotsky, deux psychologues.
Piaget, père du constructivisme, considère que l’apprentissage se fait par étapes et selon l’âge de l’enfant. Il subordonne donc les apprentissages à un âge donné. Il a identifié 4 étapes de développement : → le stade sensori-moteur de la naissance à 18 mois ; → le stade préopératoire de 18 mois à 7-8 ans ; → le stade des opérations concrètes de 7 à 12 ans ; → et le stade des opérations formelles à partir de 11/12 ans. L’enfant construit donc son “puzzle” de connaissances, selon l’âge estimé par Piaget.
On en déduit que l’enfant doit atteindre tel ou tel stade pour réaliser de nouveaux apprentissages : par exemple, l’enfant n’est pas prêt à faire des opérations de calcul mental avant ses 7 ans. Vygotsky ajoute à cette théorie du contexte et surtout des gens plus experts autour de l’enfant pour l’aider à apprendre ! Il confirme qu’il faut maîtriser certaines notions pour passer aux suivantes, mais qu’elles ne sont pas uniquement subordonnées à un stade de développement.
Les interactions avec des adultes ou d’autres enfants plus experts permettent à l’enfant de mieux progresser : apprendre une notion située dans le stade supérieur fixé par Piaget, par exemple. Pour lui, l’apprentissage se fait en contexte avec des pairs ou des experts : on peut avoir 5 ans et mieux maîtriser la langue qu’un enfant âgé de 7 ans. La différence se situe dans l’aide apporté par l’entourage social de l’enfant : l’enfant de 5 ans, accompagné et aidé par des experts de la langue (adultes), la développera de manière plus pertinente, qu’un enfant de 7 ans dont on attendrait la même chose et qui serait moins bien accompagné ou guidé dans son apprentissage de la langue.
🤝 Apprendre : c’est être accompagné
À partir de cette théorie, Vygostky a développé la notion de ZPD : la c’est la zone proximale de développement. En fait, c’est la zone dans laquelle les apprentissages seront optimaux : ni trop difficiles, ni trop faciles. Mais surtout, c’est dans cette zone que l’enfant va :
♻️ → réutiliser ce qu’il sait déjà (ses connaissances préalables) ;
🧠 → apprendre quelque chose de nouveau avec l’aide de quelqu’un de plus expert ; → développer de nouvelles capacités, et progresser tout en étant rassuré (par l’expert, et ses propres connaissances) ; → gagner en autonomie dans ses apprentissages.
Par exemple, un enfant qui va apprendre les multiplications devra maîtriser les additions. Un parent ou proche à l’aise avec les multiplications pourra lui apporter des exemples : 2 + 2 + 2, c’est ajouter 3 fois, le chiffre deux. Écrire 2 + 2 + 2, c’est comme écrire 3 x 2 (comme le chiffre deux est présent 3 fois). L’enfant qui a compris ce principe de répétition, pourra passer au calcul suivant, de manière un peu plus autonome.
🧩 La ZPD à la maison : outil de contrôle et cadrage des révisions
Voici un schéma qui illustre la ZPD (d’après les travaux de Tom Senninger) :
Concrètement, cette zone de confort peut-être recherchée lors des devoirs : c’est l’occasion de vérifier que le cours a été compris entièrement. Certains cours font référence à des notions complexes, mais nécessaires, pour se sentir confortable dans la réalisation des devoirs. Par exemple, mémoriser et restituer les figures de styles avant de pouvoir les identifier dans un texte. La ZPD, permet de s’assurer que les bases sont acquises; avant de passer à la suite. D’ailleurs, pour cadrer les révisions avant un contrôle, on peut aussi s’assurer que les notions à travailler ne se trouvent pas dans la zone de panique. Là, c’est l’occasion d’anticiper et revoir ce qui est essentiel, de manière progressive.
🧠 La ZPD des adultes : évaluer son rôle et son apport dans l’éducation
“On ne peut pas tout faire, parent c’est déjà un métier à part entière.”
Il n’y a pas plus vrai que cette affirmation, toutefois, il serait inconcevable de penser que l’éducation et l’apprentissage sont réservés et restreints au cadre de l’école. Les proches et l’entourage général des enfants peuvent également influencer leurs apprentissages, et les faciliter.
Il n’est pas question de refaire le cours, ou de se réinventer professeur, mais plutôt d’inciter ses enfants à se questionner : où est ce que j’en suis dans l’apprentissage de telle notion ? Et dans cette matière ? Que me manque-t-il ? Ces questions permettraient de rediriger les enfants vers ce qu’il leur faut pour passer à la suite, ou les stimuler afin qu’ils passent aux apprentissages suivants. Le but étant d’éviter aux maximum la zone d’ennui et celle de frustration.
Parfois, on apprend que son enfant avait besoin d’être rassuré, mais il peut aussi s’agir d’un besoin de complément de cours, ou d’une explication un peu “décalée”, différente de celle entendue en cours. Une explication qui parle plus, et qui ressemble plus à son enfant. Une partie de cette explication est disponible sur SchoolMouv, une partie peut-être donnée à votre initiative et selon votre créativité.
Tous les enfants ne raisonnent pas de manière identique, au même stade de leur développement. Les périodes charnières de leurs apprentissages ne sont pas prédéfinies, et force est de constater qu’il y en a qui nous échappent ! Le système de pensée et d’apprentissage ne répond pas aux mêmes règles ni critères, d’un enfant à l’autre.
La zone proximale de développement, permet d’ajuster les apprentissages par exemple lors des révisions, ou de trouver ce qui manque à l’enfant pour comprendre une notion ou l’appliquer. La ZPD permet également de revoir l’apprentissage comme un acte où tous participent, et aident l’enfant dans sa progression. C’est l’occasion de rassurer et de booster la confiance de vos enfants dans ce qu’ils savent déjà et ce qu’ils vont apprendre 😉
